mercredi 23 décembre 2009

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier

"Mais il ya des consolations qui viennent à moi sans y être conviées et qui remplissent ma chambre de chuchotements odieux : je suis ton plaisir - aime les tous ! Je suis ton talent - fais-en aussi mauvais usage que de toi-même ! Je suis ton désir de jouissance - seuls vivent les gourmets ! Je suis ta solitude - méprise les homes ! Je suis ton aspiration à la mort - alors tranche !
Le fil du rasoir est bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : d'un côté les bouches avides de la gourmandise, de l'autre par l'amertume de l'avarice qui se nourrit d'elle-même. Mais je tiens à refuser de choisir entre l'orgie et l'ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du gril de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n'est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d'une excuse : le pardon. L'idée me vient finalement que toute consolation ne prena tpas en compte ma liberté est trompeuse, qu'elle n'est que l'image réfléchie de mon désespoir. En effet, mon désespoir me dit : perds confiance, car chaque jour n'est qu'une trève entre deux nuits, la fausse consolation me crie : espère, car chaque nuit n'est qu'une trève entre deux jours."

Stig Dagerman

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